Selon les chiffres publiés en 2019 par l’Office français de protection des réfugiés et des apatrides (Ofpra), 1 733 Erythréens ont demandé l’asile en France durant l’année 2018. Selon l’Office, les demandeurs d’asile érythréens rapportent généralement avoir fui leur pays afin d’échapper au service national obligatoire d’une durée illimitée. Ils déclarent également craindre des persécutions en cas de retour en Érythrée en raison de leur absence prolongée du pays. Leur départ illégal d’Érythrée est considéré comme un acte de déloyauté et de trahison par les autorités étatiques.

L'Érythrée est un pays du nord-est de l'Afrique situé sur la côte de la mer Rouge. Il partage ses frontières avec l'Éthiopie, le Soudan et Djibouti. La capitale est Asmara, elle est située en plein centre du pays. Ancienne colonie italienne, le pays est faiblement doté en ressources naturelles et il est considéré comme l’un des pays le plus pauvres du monde.

Suite à la défaite italienne durant la Seconde Guerre mondiale, les Nations unies décident de fédérer en 1952 l’Érythrée à l'Éthiopie, qui l'annexe en 1962. C’est le début de la guerre d'indépendance. Selon Marc Lavergne, spécialiste de l'aire arabo-musulmane et de la corne de l'Afrique, le combat « héroïque » des maquisards du Front Populaire de Libération de l’Érythrée a débouché en 1991 sur la libération de ce petit territoire de la Corne de l'Afrique. Depuis 1993, le Président Isaias est à la tête du pays et il concentre tous les pouvoirs. La Constitution, élaborée en 1997 n'a jamais été mise en œuvre, et aucune autre constitution n'a encore été adoptée.

Les espoirs de l'indépendance ont sombré rapidement dans un nationalisme farouche de dirigeants corrompus réduisant leur peuple en esclavage. Le régime a supprimé la plupart des droits et libertés fondamentales. Depuis la guerre contre l’Éthiopie entre mai 1998 et juin 2000, le service national est à durée illimitée. Il peut se dérouler au sein des forces armées érythréennes, mais également dans toutes les administrations civiles. Depuis lors, le régime se durcit, il verrouille ses frontières et devient, selon le chercheur, une véritable prison à ciel ouvert, d'où les réfugiés sont en réalité des évadés.

L'espoir renaît cependant avec une ouverture contrainte par la situation économique désastreuse et la pression conjuguée des pays du Golfe et de l’Éthiopie voisine. En effet, récemment, en juillet 2018, les deux États ont officialisé la reprise des relations diplomatiques après 20 ans d’hostilités. Le 16 septembre 2018 à Djeddah, le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, et le président érythréen, Issayas Afeworki, ont signé un accord de paix.

Malgré cet espoir timide, il convient de rappeler que les observations finales du Comité des droits de l’homme des Nations Unies datant du 29 mars 2019 expliquent que la situation des droits de l’homme y est encore très préoccupante. Les partis politiques sont interdits, la justice n’est pas indépendante, la liberté de la presse et liberté syndicale sont inexistantes,  la liberté de religion est fortement encadrée et enfin de nombreux cas de disparitions forcées, et d’exécutions extrajudiciaires, d’arrestations et de détentions arbitraires sont recensés.