Après une baisse importante et continue de la demande d’asile russe ces dernières années, le flux de demandeurs d’asile a augmenté en 2017, avec 1 274 premières demandes (hors mineurs accompagnants) contre 1 085 l’année précédente.  L’augmentation s’est poursuivie en 2018, avec  1 599 premières demandes (hors mineurs accompagnants) soit une hausse de 47% en deux ans.  

Dans son rapport d’activité 2018 , l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA), indique que cette année fut marqué par une « augmentation de la demande émanant de Témoins de Jéhovah, la répression envers cette communauté́, en particulier sous forme de condamnations judiciaires, s’étant aggravée durant l’année ».

Membre du Conseil de l’Europe, la Russie est partie à la Convention européenne des droits de l’homme, et à ce titre, elle est tenue de respecter le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion prévu à l’article 9 de ce texte. Mouvement religieux fondé au XIXe siècle aux États-Unis qui considère prêcher le christianisme des origines, les témoins de Jéhovah sont persécutés depuis de nombreuses années en Russie.

En 2010, la Russie avait déjà été reconnue responsable par la Cour européenne des droits de l’homme de violations des droits à la liberté de religion et d'association après avoir pris des mesures visant à dissoudre des communautés de Témoins de Jéhovah. Malgré cette décision importante, en avril 2017, la Cour suprême de Russie a interdit toutes les organisations de Témoins de Jéhovah dans ce pays du fait de leurs « activités extrémistes ». L’organisation des témoins de Jéhovah et ses 395 antennes régionales ont été officiellement inscrites sur la liste des groupes «extrémistes» du ministère de la Justice.

D’après un rapport de l’OFPRA publié en février 2018, plusieurs témoins de Jéhovah ont depuis fait l’objet de poursuites judiciaires et de nombreux cas de violences contre leurs lieux de culte, et de discriminations, ont été relevés. Au mois d’octobre 2018, selon le Département d’État américain ( rapport de 2019) plus de 50 témoins de Jéhovah faisaient l’objet de poursuites pénales pour avoir pris part aux activités « d’une organisation extrémiste interdite ».

Pour ce début d’année, les poursuites judiciaires augmentent de manière alarmante compte tenu de la vague de répression nationale envers les personnes membres de ce mouvement religieux. En février 2019, un tribunal russe a condamné Dennis Christensen, citoyen danois et adepte des Témoins de Jéhovah, à six ans de prison sur la base d’accusations d’« extrémisme ». Il fut arrêté en mai 2017 durant un office religieux des Témoins de Jéhovah, parce qu’il avait prononcé un sermon. Ce verdict a provoqué une vague d’indignation au Danemark, amenant l’Union européenne à demander la « libération immédiate et sans conditions » de M. Christensen. Cette condamnation n’est pas un cas isolé puisque selon l’organisation Human Rights Watch « vingt-deux adeptes des Témoins de Jéhovah sont actuellement en détention en Russie et attendent d’être jugés pour extrémisme, et 25 autres adeptes sont assignés à résidence surveillée ». Au total, plus d’une centaine de Témoins de Jéhovah sont aujourd’hui poursuivis par la justice russe.