A partir de 2012, le terrorisme s’est développé dans le nord du Mali. Mais aujourd’hui, et depuis environ 3 ans, les zones les plus touchées par les violences de la part de terroristes mais également de la part de milices ethniques et des forces armées maliennes se trouvent dans les régions du centre. On y recensait en 2018 environ 40 % de toutes les attaques du pays, ce qui en fait actuellement la zone la plus dangereuse du Mali.

Dernier épisode marquant, le 1er janvier 2019. A Koulogon, un village peul situé dans le centre du Mali, 37 habitants ont été tués et des dizaines d’autres blessés, et des maisons ont été incendiées. Les auteurs de cette attaque sont des membres d’une milice donzo, une confrérie de chasseurs traditionnels.

Les régions du centre du Mali sont devenues l’épicentre de graves violences entre différents acteurs. Il y a d’abord le groupe djihadiste nommé « Katiba Macina » qui sème la terreur. En représailles, des milices communautaires (peules, dogon, bambarra) et des milices de chasseurs traditionnels (dozons), se sont formées pour défendre leurs communautés. Ces groupes s’opposent aux terroristes mais sont également en conflits entre elles. Depuis  2016, les  attaques de civils par ces divers groupes armés ont augmenté, souvent dans un contexte de violences meurtrières entre des membres des communautés peul,  traditionnellement éleveurs, et des membres des communautés bambara et dogon,  majoritairement agriculteurs. Entre janvier et août 2018, dans les régions du centre du Mali, 500 civils ont été tués, et plus de 15 000 personnes ont dû fuir leur village. Des villages ont été incendiés et d’autres subissent des blocus. Les changements climatiques sont également une cause de ces conflits, avec des sécheresses qui intensifient la compétition pour l’accès aux ressources, aux pâturages et à l’eau. Les forces armées maliennes (FAMA) ont commis aussi des exactions envers les civils et de nombreuses violations des droits de l’homme dans le cadre de leurs opérations anti-terroristes.

Deux rapports publiés en fin d’année dernière, de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) et d’ Human Rights Watch (HRW) détaillent de nombreux cas de violences commises par tous ces groupes armés. Tous les acteurs du conflit sont responsables d’exactions et d’atteintes aux droits de l’homme : exécutions sommaires, torture, disparitions forcées.

En conséquence de cette situation de violence dans le pays, les déplacements internes sont en augmentation depuis début 2018 ainsi que le nombre de réfugiés. Selon les données du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), 69 993 personnes étaient déplacées à l’intérieur du pays et 139 842 s’étaient réfugiées au Niger, en Mauritanie et au Burkina Faso au mois d’août 2018. A la même date, 2 200 maliens sont arrivés en Espagne par la Méditerranée, selon le rapport du HCR . De janvier 2018 à décembre 2018, 10 347 maliens ont tenté la traversée de la Méditerranée pour atteindre l’Europe. D’après le Bureau européen d’appuis à l’asile , 6 137 Maliens avaient formulé une première demande d’asile en Europe entre janvier et novembre 2018.