En 1980, Sadam Hussein attaque l’Iran dans l’objectif de récupérer des territoires. La résistance iranienne mènera ensuite à huit années de guerre. En 1991, c’est une seconde guerre du Golfe qui commence lors de l’envahissement du Koweït par Sadam Hussein. Chaque guerre se traduit par 1 à 2 millions de morts et des millions de réfugiés en Jordanie et Syrie.  

Un embargo est imposé sur l’Irak dès 1990 sur décision du Conseil de sécurité des Nations unies. Les Irakiens ont énormément souffert de cet embargo : développement de la corruption à tous les niveaux, inflation des prix de tous les produits de consommation de base, augmentation de la pauvreté, et  dégradation générale de la société, de sa culture, des arts et des sciences. Un accord de 1996 permettant à l'Irak de vendre du pétrole pour acheter de la nourriture et des médicaments, « Pétrole contre nourriture », a généré une économie parallèle sur laquelle certains ont pu s’enrichir. C’est également pendant cette période d’embargo qu’une islamisation de la société s’opère, selon Akram Kachee. L’identité nationale laisse place progressivement à un repli confessionnel.

Après  la chute du régime de Sadam Hussein en 2003, et alors que les États-Unis prennent les commandes de l’État et décident de détruire les bases de l’administration du parti baas, l’Irak est passé d’un système politique de domination des Sunnites sur les Chiites à une concentration des pouvoirs dans les mains des Chiites, excluant les Sunnites. Cette vision communautaire de la part des américains qui consiste à donner le pouvoir à la majorité (chiite) a renforcé, selon Akram Kachee, un repli vers le système tribal.

Dans ce contexte, en 2006, l’organisation djihadiste sunnite « État islamique » (EI) apparait et se développe. Avec la prise de grandes villes par l’EI en 2014, l’Irak sombre dans une guerre civile qui perdurera jusqu’à la reprise en 2017 par l’armée irakienne et par des milices chiites des zones sous contrôle de l’EI. Malgré l’annonce par le gouvernement irakien de sa victoire contre l’EI fin 2017, la situation en matière de sécurité reste instable. Des opérations pour traquer et détruire des armes et des réseaux terroristes, ainsi que des affrontements périodiques entre les nombreux groupes armés présents sur tout le territoire continuent : les terroristes, les forces de sécurité irakiennes, des milices, ou encore les Peshmergas (combattants kurdes), sont responsables de nombreuses violences. La Mission d'assistance des Nations Unies pour l'Irak (MANUI) a fait état d'au moins 2 429 civils tués et de 3 277 blessés dans le pays au premier semestre 2017.

Malgré une défaite militaire, l’EI n’en demeure pas moins une menace constante. Le 8 novembre 2018, un attentat, revendiqué par l’EI, fait au moins 3 morts à Mossoul. C’est le premier attentat depuis la reprise de Mossoul par l’armée irakienne.

L’autre problème principal selon le chercheur Akram Kachee est l’impossible retour à une cohésion nationale irakienne. Aujourd’hui, alors que toute une génération n’a jamais connu l’unité nationale, alors que chacun est renvoyé à sa religion, alors que les familles se sont divisées en leur sein par les choix d’adhésion, ou non, aux milices ou aux groupes terroristes, ou à l’armée nationale, le retour à la stabilité demeure une perspective lointaine.

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