La Libye est devenue le point de départ principal de la majorité des personnes voulant rejoindre l’Europe et les mauvais traitements subis par les migrants et réfugiés dans ce pays sont régulièrement mis en lumière. La situation chaotique du pays a également des conséquences pour les Libyens, qui sont nombreux à subir des persécutions et des violations des droits humains.

Depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye sombre dans la guerre civile et les divisions.  La principale rivalité pour le pouvoir se joue depuis 2014 entre deux forces établies dans deux régions. D’un côté, la région de Tripoli est contrôlée par le Gouvernement d’union nationale du Premier ministre Fayez el-Sarraj, reconnu par la communauté internationale. D’un autre côté, à l’Est, à Tobrouk, le général Haftar, chef autoproclamé de l’armée nationale libyenne, est à la tête d’une coalition réunissant réseaux tribaux, anti-islamistes, et ex-cadres du régime Kadhafi. La situation politique se cristallise entre ces deux blocs opposés qui se disputent le pouvoir et qui jouent avec des alliances stratégiques mais aléatoires. Les soutiens armés de ces deux gouvernements rivaux sont eux-mêmes en proie aux divisions internes.

Dans cette confusion, les groupes djihadistes ont su exploiter les divisions et les conflits. L’Etat islamique est ainsi très présent dans la région de Syrte, Al-Qaïda et de nombreuses milices mafieuses se sont également implantés partout dans le pays.

Outre la compétition pour le pouvoir entre les deux hommes forts Sarraj et Hafat, la présence des insurgés liés à Al-Qaïda ou à l’Etat islamique, ou encore les conflits ethniques entre Toubous, Touaregs ou Berbères, le tribalisme libyen joue également un rôle majeur dans l’incapacité à refonder un Etat stable comme l’a démontré une analyse récente de la Fondation pour la recherche stratégique.

Les milices, mais également les forces armées affiliées aux deux gouvernements rivaux, sont responsables de nombreuses atteintes aux droits de l’homme en soumettant l’ensemble de la population à des détentions arbitraires, à des actes de torture, à des exécutions, à des attentats, et ceci en tout impunité. C’est ce qui ressort notamment du rapport d’Amnesty International sur les droits humains en Libye en 2017. La guerre civile a par ailleurs décimé l’économie et les services publics. Depuis 2014, cette situation a entraîné le déplacement forcé de 217 000 personnes, selon le rapport 2018 de Human Rights Watch. Entre 2014 et 2017, 17 490 Libyens ont demandé l’asile en Europe soit une augmentation de 144% (7 165) par rapport aux quatre années précédentes

Pour sortir de ce chaos, les principaux responsables politiques libyens, réunis à Paris fin mai 2018, se sont engagés à organiser des élections législatives et présidentielles le 10 décembre 2018.