Iran : une répression accrue dans un contexte de tensions internationales
En juin 2025, l’Iran et Israël ont connu douze jours de conflit qui ont ouvert une nouvelle phase de tensions internationales, mais aussi de répression brutale en Iran. Tandis que l’Iran suspendait brièvement sa coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), les autorités multipliaient les arrestations arbitraires et recouraient à la peine de mort envers des personnes soupçonnées de « collaboration » avec Israël.
À partir du 13 juin 2025, Israël a frappé des sites militaires et nucléaires iraniens, avec l’implication directe des États-Unis, et promis de poursuivre son opération « pour éliminer cette menace ». Lors de ces attaques, plusieurs cadres iraniens, dont le chef des Gardiens de la révolution, Hossein Salami, ainsi que des experts de la filière nucléaire, ont été tués. Le 23 juin 2025, des frappes aériennes israéliennes ont visé la prison iranienne d’Evin à Téhéran, tuant au moins 80 personnes, dont des prisonniers, des membres de leurs familles et du personnel pénitentiaire, ce qui constitue un crime de guerre selon l’organisation Human Rights Watch. Durant ces douze jours de conflit, des munitions de gros calibre, lancées par l’Iran, ont également frappé des sites éloignés de cibles militaires, touchant des civils.
D’après une analyse de l’IRIS, « malgré l’objectif affiché d’Israël d’affaiblir le pouvoir iranien, ce dernier reste solide, en partie grâce au contrôle renforcé de la société par les Gardiens de la révolution, à la répression accrue et à une forte résilience institutionnelle ». Les Gardiens de la révolution jouent un rôle central dans la stabilité politique du pays. Créés après 1979 pour défendre la République islamique, ils se sont progressivement constitués en un véritable « État dans l’État », responsables d’arrestations massives, de violences et garants de la survie du régime.
Un rapport d’Amnesty International, publié le 3 septembre 2025, démontre que le conflit de juin 2025 a été suivi d’une vague de répression massive en Iran, visant les opposants, les journalistes, les défenseurs des droits humains et les minorités. Plus de 20 000 personnes ont été arrêtées. La surveillance et l’incitation à la haine contre les minorités se sont intensifiées. Les prisonniers politiques ont été transférés vers des établissements plus dangereux et soumis à la torture ainsi qu’aux disparitions forcées. Le recours à la peine de mort s’est accru, notamment contre les personnes soupçonnées de « collaboration » avec Israël.
Parallèlement, alors que l’Iran fait face à ces tensions géopolitiques et à une crise économique, la population du Baloutchistan, dans le sud de la province du Sistan-et-Baloutchistan, subit des difficultés persistantes. Selon International Crisis Group, les Baloutches, groupe majoritairement sunnite et distinct à la fois ethniquement et religieusement de la majorité chiite perse d’Iran, souffrent d’une pauvreté chronique, d’un chômage élevé, d’infrastructures défaillantes et d’un accès limité aux services essentiels tels que l’eau potable, la santé et l’éducation. Ils dénoncent une discrimination systémique en tant que minorité religieuse et ethnique. Sous-représentés dans les instances dirigeantes provinciales et nationales, ils font face à des restrictions de leurs libertés culturelles et à une répression sévère, ce qui alimente la méfiance envers les élites de Téhéran. Sur le plan sécuritaire, la situation reste instable : des groupes séparatistes armés, comme Jaish al-Adl, exploitent ce mécontentement sociopolitique pour mener régulièrement des attaques contre les forces de sécurité iraniennes et des institutions officielles.
À la suite des attaques israéliennes de juin, le Parlement iranien a adopté une loi limitant sa coopération avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), en suspendant les inspections de ses sites nucléaires, ce qui a fait craindre un retrait de l’Iran du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Le 9 septembre, l’AIEA et l’Iran ont néanmoins conclu un accord ouvrant la voie à la reprise des inspections dans les installations nucléaires iraniennes.


