Selon les données du Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR), sur 63 190 dossiers soumis par le HRC, 39 266 réfugiés ont été réinstallés dans le monde en 2022, certes en légère hausse par rapport à 2020 (22 800), mais bien deçà du niveau de 2019 (63 726). Les principaux pays d’origine des réfugiés réinstallés (dossiers soumis par le HCR) sont restés les mêmes avec la Syrie largement en tête, suivie de la République démocratique du Congo, l’Erythrée, le Soudan, et la Somalie. Les pays de réinstallation sont également identiques incluant les États-Unis, le Canada, l’Allemagne, la Suède, et la Norvège.

Au moment de la rédaction de cet article, aucun chiffre détaillé n’est disponible sur le nombre de réfugiés réinstallés dans chaque État membres de l’UE. Cependant, une note de l’Agence européenne pour l’asile de mars 2022 analyse la reprise des programmes de réinstallation et d’admissions humanitaires. Selon l’Agence, 15 États membres de l’UE+ ont repris leurs activités de voies légales en 2021 bien que certains n’aient accueilli des réfugiés que dans le cadre de programmes d’admissions humanitaires, incluant des Afghans évacués. A l’inverse 11 États n’ont admis aucun réfugiés via les programmes de réinstallation et d’admission humanitaire. L’Agence indique les programmes ont également évolué, dans un premier temps face à la crise sanitaire, mais également à plus long terme. Les États membres ont notamment fait évoluer leur méthode de sélection soit sur la base de dossiers, de missions de sélection sur place ou à distance, ou des modalités hybrides. Par ailleurs, les États ont également introduits des vérifications sanitaires supplémentaires au regard des risques d’infection dans les pays de sélection et d’arrivée. Les programmes de préparation au départ et d’orientation culturelle ont également évolué avec des sessions en ligne ou en groupe réduit. Ces nouvelles modalités ont entrainé des difficultés supplémentaires notamment en matière d’interactivité avec les réfugiés pouvant impacter les conditions d’accueil et d’intégration. À l’arrivée, les États membres ont également fait état de difficultés supplémentaires liées à des périodes de quarantaines, d’activités d’intégration, et de capacités d’accueil.

En matière de voies complémentaires d’admission, la Commission européenne souligne également son soutien auprès de six projets portant sur le développement des voies complémentaires et la mise en place d’un groupe de travail au sein du Bureau européen d’appui en matière d’asile (EASO) afin de développer une approche européenne du parrainage communautaire visant à soutenir les États membres dans le développement de programmes à grande échelle où les communautés hôtes ont un rôle clé dans l’accueil et l’intégration des réfugiés.

En 2022, les besoins mondiaux en réinstallation sur l’année sont en augmentation passant à 1 473 156 personnes, contre 1 445 383 personnes en 2021. Cette tendance se reflète dans toutes les régions à l'exception de l'Afrique et de l'Europe, qui demeurent cependant les régions ayant les besoins de réinstallation projetés les plus élevés (593 598 et 401 740 respectivement pour 2022). Cette hausse continue des besoins en matière de réinstallation appelle donc à un réengagement des États membres, d’autant plus nécessaire après la crise sanitaire. En juillet 2021, la Commission a organisé le 11ème Forum sur la réinstallation, l’admission humanitaire et les voies complémentaires invitant les États membres à prendre des engagements pour le prochain programme ad hoc de réinstallation en 2022. Invités à ce 11ème Forum, les États-Unis et le Canada ont publié une déclaration commune avec l’Union européenne et le HCR afin de confirmer leur détermination à travailler ensemble et à coordonner leurs efforts pour apporter des solutions particulièrement nécessaires aux réfugiés vulnérables à travers le monde. Par ailleurs, un forum spécifique sur la protection des Afghans en situation de risque a été organisé en octobre 2021 suite à la chute du gouvernement afghan en août 2021.

Au niveau international, le HCR a présenté le bilan de sa stratégie triennale sur la réinstallation et les voies complémentaires lancée en juillet 2019 dans le cadre du Pacte mondial sur les réfugiés et de la Déclaration de New-York pour les réfugiés et les migrants, Cette stratégie avait pour objectif de renforcer l’accès à ces voies légales et fournir des lignes directrices dans le développement de nouveaux programmes, avec d’ici fin 2028, 3 millions de réfugiés bénéficiant d’une protection et de solutions efficaces, via la réinstallation (1 million) dans cinquante pays et les voies complémentaires (2 millions).

Après trois ans de mise en œuvre, le bilan de la stratégie[1] reste mitigé. L'objectif de croissance progressive de la réinstallation a été atteint pour 2019, mais pas en 2020 et 2021. Sur les trois ans, 125 792 réfugiés ont été réinstallés, soit 60 % de l'objectif initial. Le Covid-19 est cité comme principale cause de ce déficit, mais les quotas insuffisants des pays de réinstallation ont également joué un rôle important. L'objectif consistant à augmenter le nombre de pays réinstallant des réfugiés n'a pas été atteint non plus, il a même diminué passant de 29 pays en 2019 à 23 en 2021. Sur les voies complémentaires, des données fiables et complètes sur le mouvement des réfugiés par des voies complémentaires et le regroupement familial ne sont pas encore disponibles. Les chiffres indicatifs suggèrent que plusieurs dizaines de milliers de personnes ont bénéficié de permis de travail, d'études et familiaux à un volume conforme aux objectifs de la stratégie, et que l'objectif pour 2019 a probablement été atteint. Les données pour 2020 et 2021 ne sont pas encore disponibles dans le rapport. Le troisième objectif de la stratégie visait à renforcer les perspectives d’intégration des voies légales. Le rapport indique que de nouveaux partenariats multipartites ont été construits avec succès. Des mécanismes de financement innovants ont été encouragés pour soutenir ces opportunités. Une expansion rapide du nombre de programmes de parrainage communautaire, ainsi qu'un engagement plus important avec les gouvernements infranationaux, les villes et les secteurs de l'éducation et des employeurs, ont été des marqueurs clairs de progrès pour des communautés plus inclusives.

 

[1] UNHCR, Final Report – The Three-Year Strategy (2019-2021) on Resettlement and Complementary Pathways, March 2022.