D’après le service de recherche du Parlement européen, les clôtures et murs aux frontières de l’UE sont passés de 315 km à 2 048 km entre 2014 et 2022.

Dans l’UE, 12 États membres ont construit des barrières physiques avec l’objectif de réduire l’immigration :

  • L’Espagne : dès les années 1990 dans les enclaves de Ceuta et Melilla, au nord du Maroc.
  • La Grèce : dès 2012, à sa frontière avec la Turquie. En 2020, la clôture a été élargie.

En 2015, une autre barrière a été érigée à sa frontière avec la Macédoine du Nord.

  • La Bulgarie : en 2014, à sa frontière avec la Turquie.
  • La Hongrie : en 2015, à ses frontières avec la Serbie et la Croatie.
  • L’Autriche : en 2015, à la frontière avec la Slovénie (où il y a pourtant une libre circulation).
  • La Slovénie : en 2015, à sa frontière avec la Croatie. Elle a été élargie en 2021.
  • La Norvège : en 2016, à la frontière russe, les migrants passant par l’Arctique suite à la fermeture des Balkans.
  • La France : en 2016, à Calais, afin d’éviter le passage de migrants vers le Royaume-Uni, qui finança le mur.
  • La Lettonie : en 2015 à la frontière russe, puis en 2021 à la frontière biélorusse, suite à l’instrumentalisation de réfugiés par le gouvernement de Loukachenko.
  • L’Estonie : en 2018, à la frontière russe.
  • La Lituanie : en 2021, à la frontière biélorusse, en réponse à la crise politique de l’instrumentalisation des migrants.
  • La Pologne : en 2021, à la frontière biélorusse, pour la même raison que sa voisine. De plus, en 2022, une barrière a été mise en place à la frontière avec l’enclave russe de Kaliningrad.

De surcroît, la Finlande a pour projet de construire une clôture à sa frontière avec la Russie à partir de mars 2023. Ce sera donc presque la moitié des Etats membres qui auront érigé des barrières physiques à la migration.

Ces barrières physiques posent de nombreux problèmes en matière de respect des droits fondamentaux.

Premièrement, elles sont un obstacle au droit de demander l’asile de toute personne s’estimant persécutée, garanti, entre autres, par l’article 14 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme et l’article 18 de la Charte européenne des droits fondamentaux. Or, ces barrières ne différencient pas les demandeurs d’asile des autres migrants.

Deuxièmement, ces frontières physiques peuvent rapidement devenir des lieux de violence et de violation des droits, comme l’a constaté l'Agence des droits fondamentaux de l'UE (FRA) dans un rapport de 2020. Le 24 juin 2022, à Melilla, par exemple, les autorités espagnoles et marocaines ont utilisé du gaz lacrymogène et des balles en caoutchouc contre des migrants piégés entre les rangées de clôtures. Par ailleurs, plusieurs migrants ont été violemment attaqués au sol. Des centaines de migrants ont été blessés, et laissés sans soins médicaux des deux côtés de la frontière, et 23 sont décédés (décès confirmés). Les autorités espagnoles rejettent leur responsabilité niant que la tragédie se soit passée de leur côté de la clôture, c’est-à-dire sur le sol espagnol.

Troisièmement, la fermeture par des barrières physique des routes traditionnelles pousse les migrants à emprunter des voies plus longues et plus dangereuses. En outre, ces situations les rendent plus vulnérables et susceptibles d’être victime de traite d’êtres humains.