Eurostat entend par «primo-demandeur d’asile» toute personne qui, pour la première fois, a introduit une demande de protection internationale ou a été incluse dans une telle demande comme membre de la famille. Il est à noter qu’Eurostat prend en compte le retrait du Royaume Uni dans ces données et fournit à la fois un chiffre pour une Union européenne à 27 États membres soit 612 685 primo-demandeurs, et 656 920 primo-demandeurs pour une Union européen à 28 États membres.

Selon le communiqué d’Eurostat, près d’un primo-demandeur d’asile sur quatre se trouve en Allemagne avec 142 450 demandes soit une baisse de 12% par rapport à 2018. La France est en deuxième position avec 119 915 primo-demandeurs soit une augmentation de 8%. L’Espagne suit de près avec 115 175 primo-demandeurs soit une hausse de 118% par rapport à 2018. Ces trois États regroupent ainsi 61% des premières demandes d’asile au sein de l’UE. On retrouve ensuite la Grèce avec 74 910 primo-demandeurs, en hausse de 15%, puis l’Italie avec 35 005 primo-demandeurs, en baisse de 34%. A noter que le Royaume-Uni compte 44 250 primo-demandeurs, en hausse de 15%. D’autres pays ont connu une augmentation importante, tels que Chypre (+67%), la Suède (+28%), la Belgique (+27%), et les Pays-Bas (+10%). A contrario, les pays suivants ont connu une baisse importante : la Bulgarie (-16%), le Danemark (-25%), la Hongrie (-26%), la Finlande (-17%), et l’Autriche (-7%).

L’Allemagne poursuit sa baisse engagée depuis 2017, conséquence de la baisse progressive des primo-demandeurs syriens et irakiens qui demeurent cependant les deux premiers pays d’origine des primo-demandeurs dans ce pays. La Turquie y occupe la troisième place avec un nombre relativement stable de 10 785 primo-demandeurs.

Selon ces données d’Eurostat, la France se situe ainsi en seconde position avec 119 915 primo-demandeurs en 2019. Ce chiffre est cependant erroné. En effet, la France ne transmet pas à Eurostat les données relatives à l’ensemble des demandeurs d’asile enregistrés, comme les autres pays mais seulement celles qui concernent les demandes relevant de la responsabilité de la France et enregistrées par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA). Les demandeurs placés sous procédure Dublin en préfecture en 2019, et dont la demande n’a pas été requalifiée dans l’année ne figurent donc pas dans ces données. Inversement, l’OFPRA comptabilise des demandes enregistrées les années précédentes en préfecture et requalifiées en 2019. Cette transmission incorrecte des chiffres de l’asile par la France auprès d’Eurostat est mentionnée par le ministère dans sa publication de début d’année portant sur quelques chiffres clés de l’asile en France en 2019, qui précise que la France ne se conforme actuellement pas aux exigences réglementaires relatives à Eurostat - ce qui fausse nécessairement la comparaison.

Cette publication du ministère de l’Intérieur français mentionne ainsi 143 030 premières demandes d’asile enregistrées en préfecture en 2019, ce qui fait de la France le premier pays de demandes d’asile en Europe devant l’Allemagne (142 450). La comparaison des données concernant les principaux pays d’origine fait également apparaitre des différences : les statistiques par nationalité d’Eurostat et du ministère portent toutes les deux sur les enregistrements OFPRA mais l’agence européenne comptabilise le nombre total de demandeurs incluant les mineurs accompagnants (Afghanistan : 9 995 ; Albanie : 8 010 ; Géorgie : 7 735) tandis que les données OFPRA du document ministériel concernent des dossiers de demande d’asile pouvant inclure plusieurs membres d’un ménage et pas des personnes (Afghanistan : 9 455 ; Guinée : 6188 ; Albanie : 5 793 ; Géorgie : 4 806).

La troisième place de l’Espagne fait suite à une progression régulière du nombre de primo-demandeurs engagée depuis 2016. La hausse des demandes de Vénézuéliens a participé à cette progression qui double chaque année depuis trois ans, mais leur part dans les primo-demandeurs en Espagne reste stable (autour de 35%). Cependant, les primo-demandeurs colombiens ont augmenté de 241% en Espagne en 2019 par rapport à 2018 avec 28 880 primo-demandeurs, mais aussi les Salvadoriens (+101% avec 4 715 primo-demandeurs), les Honduriens (+180%, 6 730 primo-demandeurs), les Nicaraguayens (+329%, 5 840 primo-demandeurs), et les Péruviens (+655%, 3 965 primo-demandeurs).

Au niveau de l’UE, les Syriens représentent la première nationalité avec 74 375 premières demandes, soit 12% des demandes. Cependant, ce chiffre a diminué de 7% par rapport à 2018. Plus de la moitié sont enregistrées en Allemagne (39 300 soit 53%). C’est la première nationalité dans sept États membres. Suivent les Afghans avec 52 540 primo-demandeurs soit 9% des demandes (une hausse de 35% par rapport à 2018). Près de la moitié des primo-demandeurs Afghans sont enregistrés en Grèce (23 700, soit 45%). C’est la principale nationalité dans cinq États membres. Les Vénézuéliens avec 44 755, soit 7% des demandes, sont passés de la cinquième place en 2018 à la troisième place en 2019, avec une hausse de 102%. 90% des premières demandes sont enregistrées en Espagne. C’est la principale nationalité seulement dans ce pays. Ces trois nationalités représentent 28% des premières demandes enregistrées en UE27 en 2019. Parmi les autres nationalités qui arrivent en tête, figurent la Colombie (31 800 primo-demandes, soit 5% des demandes), l’Irak (26 800, soit 4%), la Turquie (23 000, soit 4%), le Pakistan (22 700, soit 4%), la Géorgie (19 700, soit 3%), le Nigéria (19 300, soit 3%), l’Iran (16 900, soit 3%), l’Albanie (16 600, soit 3%), et la Somalie (12 500 soit 2%).

Au niveau de l’UE 27, Eurostat compte 1 371 primo-demandeur d’asile par million d’habitants. Si l’on prend en compte la population nationale des États membres, le premier pays d’accueil est Chypre avec 14 495 primo-demandeur par million d’habitants, puis Malte (8 108), la Grèce (6 985) et le Luxembourg (3 585). La France se classe 8ème avec 1 789 primo-demandeur par million d’habitants, ou 7ème s’il prend en compte le chiffre du ministère de l’Intérieur. En bas du classement on retrouve, la Lettonie (93), l’Estonie (76), la Pologne (73), la Hongrie (48), et la Slovaquie (39).

Enfin, Eurostat communique également des données sur les demandes d’asile en attente de décision à la fin de l’année 2019. Cette donnée permet d’évaluer comment les autorités nationales font face à la charge de travail suite aux arrivées de demandeurs d’asile dans l’UE. A la fin de 2019, 842 500 demandes d’asile sont en cours d’étude par les autorités nationales, soit une légère baisse par rapport à la fin de l’année 2018 (851 000). L’Allemagne compte le plus grand nombre de demandes en attente avec 326 800 demandes soit 39% du total européen, suivie par l’Espagne (133 000 soit 16%), la Grèce (105 400, soit 13%), la France (74 400 soit 9%), et l’Italie (47 000 soit 6%). Chypre a connu une hausse particulièrement importante de 85%, tout comme l’Espagne (+69%) et la Belgique (+49%). Des baisses ont aussi été enregistrées en Italie (-54%), en Autriche (-29%) et en Suède (-27%).

 

Photo d'illustration : © UNHCR / Grodon Welters