Dans le cadre de son suivi de l’impact du Covid-19 sur les systèmes d’asile dans Union européenne (UE) et dans quelques autres pays européen, le Bureau européen d’appui en matière d’asile (EASO) met en lumière la situation vaccinale des demandeurs d’asile et des réfugiés. L’EASO se base sur les données fournies par le biais de son système d’enquête auprès de 22 pays de l’UE. Selon les résultats de l’enquête, les demandeurs d’asile et les bénéficiaires d’une protection internationale ne bénéficient pas de dispositions spécifiques en matière de vaccination, et sont inclus dans les priorités de la population générale définies par chaque pays. Cette priorisation est fondée sur le risque, c’est-à-dire par groupes d’âge, vulnérabilité, par condition médicale, etc. Cependant, certains pays comme la Suisse, l’Irlande, le Portugal ou la Lettonie, considèrent les demandeurs d’asile comme groupe prioritaire, notamment en raison des conditions d’accueil collectives sujettes à un risque accru de contamination. Les Pays-Bas ont pour leur part expérimenté la vaccination en groupe, afin de rendre la logistique vaccinale plus aisée et éviter la prise de rendez-vous individuel. Au Portugal, les demandeurs d’asile sont automatiquement enregistrés dans le service national de santé, puis contactés pour se faire vacciner conformément au plan national de vaccination. Ainsi, depuis mars 2021, les résidents de centre d’accueil du Portugal sont vaccinés. La Grèce a annoncé qu’elle en ferait de même au cours des prochains mois dans 34 centres d’accueil, 6 centres d’accueil et d’identification et 8 centres de pré-éloignement. Les demandeurs d’asile sont toutefois priés de s’enregistrer avec un numéro d’assurance maladie. Une planification doit encore être déterminée en Belgique, en Irlande et aux Pays-Bas.

L’ensemble des pays de l’UE+ confirment que la vaccination des demandeurs d’asile et des bénéficiaires d’une protection internationale est mise en œuvre sur la base du volontariat. De plus, la vaccination est entièrement gratuite puisque le coût est couvert par les fonds publics. Cependant, à l’exception de la Suisse, aucun calendrier n’a été défini par les pays répondants. Un aspect non prioritaire selon le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) qui rappelle cependant la nécessité que les réfugiés soient inclus dans les programmes de vaccination.

La Belgique, la Finlande, la France, l’Irlande, les Pays-Bas, la Pologne, le Portugal et la Suisse ont mis en place des campagnes d’information, notamment par le biais de fiches d’informations disponibles en plusieurs langues et/ou en développant des outils de communication spécifiques pour les demandeurs d’asile. Les pays les informent via des sites web dédiés (Belgique, Finlande, Portugal et Suisse) et des documents imprimés tels que des affiches et des dépliants (Belgique, France, Pays-Bas, Pologne, Suisse). La Suisse a également produit une campagne télévisée disponible en 16 langues, qui sera diffusée tout au long du premier semestre de l’année 2021. En Irlande, les demandeurs d’asile hébergés en centre d’accueil sont informés par le biais d’une newsletter et de vidéos produites en 36 langues différentes.

Pour ce qui est des pays hors UE+, le HCR souligne que la Serbie, le Népal, le Rwanda et la Jordanie ont commencé à vacciner les réfugiés au même titre que leurs populations. Le HCR appelle à une action internationale concertée et demande davantage de solidarité afin de sortir du schéma d’une priorisation nationale, qui ne peut fonctionner dans le cadre d’une pandémie sans frontières. De plus, puisque 85% des réfugiés dans le monde sont accueillis dans des pays à faible revenu eux-mêmes confrontés à des systèmes de santé fragiles, le HCR encourage un soutien accru envers ces pays afin de répondre aux besoins en matière de vaccination. Par ailleurs, le HCR encourage l’initiative COVAX, visant à garantir un accès équitable au vaccin entre tous les pays du monde. Enfin, le HCR souligne l’importance d’intégrer les réfugiés dans les programmes de vaccination au même titre que les populations nationales, dans le but d’éviter une transmission continue du virus par ces populations. Ainsi, l’organisation recommande de communiquer, informer et éduquer sur la nécessité de se faire vacciner, afin de faire face à une certaine minorité de résistance. Par ailleurs, les demandeurs d’asile et les réfugiés confrontés à de très mauvaises conditions de détention, doivent faire l’objet d’une attention particulière en matière de santé et de droits, comme le rappelle le document thématique relatif au droit à la santé du Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe.

Concernant les migrants en situation irrégulière, malgré la résolution 2565 du Conseil de sécurité des Nations unies qui affirme le caractère universel de l’accès à la vaccination au Covid-19, l’OIM remarque que les migrants, en particulier ceux en situation irrégulière, sont toujours confrontés à des obstacles pour accéder aux services de santé. L’OIM souligne l’importance d’inclure cette catégorie de personnes et salue les efforts de l’Allemagne et de l’Espagne en la matière. L’organisation encourage la prise en compte dans les plans de vaccination du manque de confiance des migrants en situation irrégulière envers les autorités publiques, notamment pour causes de discrimination généralisée et politique de criminalisation, qui trop souvent évite de se faire soigner par crainte d’être confrontés aux forces de l’ordre.