Selon les chiffres du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), plus de trois millions de Vénézuéliens (sur une population de 32 millions) ont fui le pays depuis 2014, date à laquelle la crise socio-économique a commencé. La Colombie accueille le plus grand nombre de ces exilés, plus d’un million au total. Viennent ensuite le Pérou (plus d’un demi-million), l’Équateur (plus de 220 000), l’Argentine (130 000), le Chili (plus de 100 000) et le Brésil (85 000). Les pays d’Amérique centrale et des Caraïbes ont également enregistré une hausse des arrivées de réfugiés en provenance du Venezuela. Le Panama, par exemple, accueille actuellement 94 000 Vénézuéliens.

Dans l’Union européenne, près de 22 000 premières demandes d’asile de Vénézuéliens ont été enregistrées en 2018. Cette demande est en augmentation de 68% par rapport à 2017 et place le Venezuela parmi les dix premiers pays d'origine. Depuis le début de cette année, la demande d’asile vénézuélienne ne cesse d’augmenter. Le Bureau européen d’appui à l’asile (EASO) indique ainsi qu’avec 18 400 demandes déposées sur les cinq premiers mois de l’année 2019, le Venezuela était le deuxième pays d'origine des demandeurs derrière la Syrie. Au cours des six derniers mois de l’année 2019, environ 43% des demandeurs vénézuéliens ont bénéficié d'une protection internationale en première instance. L’essentiel des demandes d’asile de Vénézuéliens sont enregistrées en Espagne.

En France, la demande d’asile vénézuélienne est également en hausse. En 2018, l’Office française de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) a enregistré 500 demandes (hors mineurs accompagnants) et rendu 351 décisions (169 accordant une protection soit 48%, un taux porté à 54% après examen par la Cour nationale du droit d’asile). Selon l’OFPRA, les demandes d’asiles instruites en France sont pour la plupart liées à des motifs politiques. L’Office note également dans son dernier rapport d’activité que beaucoup de demandes sont liées à l’insécurité générale et aux « difficultés matérielles à se procurer de la nourriture et des biens de consommation courante, et même l’impossibilité de trouver des médicaments et de se faire soigner, même pour des pathologies courantes ».

Les causes des déplacements sont en effet multiples et résultent d’une combinaison de facteurs cumulatifs. En effet, depuis 2014, le Venezuela traverse une crise à la fois politique et socio-économique. La situation économique est catastrophique, et l’hyperinflation impacte la capacité à obtenir un accès à de la nourriture, des médicaments et d’autres biens de base. Il en résulte une situation humanitaire dramatique. Par ailleurs, le Venezuela connaît une crise politique sans précédent qui s’est exacerbée en janvier 2019 lorsque Juan Guaido s’est autoproclamé président du pays. Des manifestations contre le président Nicolás Maduro se déroulent dans le pays et les opposants politiques sont persécutés par le gouvernement. Il est notamment question d’exécutions extrajudiciaires, d’arrestations arbitraires, de mauvaises conditions de détention et de discrimination envers des personnes perçues comme étant des opposants au gouvernement. L’impunité à la suite de ces violations des droits humains est généralisée et il existe peu de perspectives de sortie de crise à court terme.