Après des années de protestations généralisées contre les politiques du gouvernement et de répression brutale par les forces de sécurité, la situation en matière de droits de l’homme s’est améliorée après l’entrée en fonction d’Abiy Ahmed au poste de Premier ministre en avril 2018. En outre, le gouvernement a levé l’état d’urgence en juin 2018 et libéré des milliers de prisonniers politiques, dont des journalistes et des dirigeants de l’opposition. Selon le dernier rapport de l’organisation Human Rights Watch datant du 17 janvier 2019, les autorités ont levé les restrictions d’accès à Internet, ont admis que les forces de sécurité avaient eu recours à la torture, et ont engagé des réformes législatives ouvrant la voie à un respect accru des droits de l’homme.

Malgré ces changements positifs, les conflits interethniques en Éthiopie se multiplient depuis quelques années et les conflits anciens s’enracinent de plus en plus. Les agitations et violences touchent de nombreuses parties du pays, en particulier dans les régions d’Oromia et d’Amhara. Ces régions sont l’objet depuis longtemps de tensions entre les communautés, qui sont davantage relayées du fait de l’amélioration de la liberté de la presse et la liberté d’expression aux opposants politiques.

A l’approche des élections présidentielles prévues pour mai 2020, les affrontements se multiplient. Depuis septembre 2019, on constate une escalade de violences liées à des tensions ethniques et religieuses alors même que le 11 octobre 2019, le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, s’est vu attribuer le prix Nobel de la paix pour avoir été à l’initiative de la résolution du conflit qui opposait l’Éthiopie et l’Érythrée depuis 1993.

Fin octobre, des violences ont éclaté dans la capitale, Addis Abeba, puis dans la région d’Oromia, lorsque des partisans d’un opposant politique ont manifesté dans la rue. Cette situation a engendré 86 morts selon un article du Monde du 5 novembre 2019.

En raison de ces conflits intercommunautaires et de violences, le nombre de déplacés internes ne cesse d’augmenter. Environ 2,9 millions déplacements liés aux conflits ont été enregistrés en 2018 d’après le Centre de surveillance des déplacements internes (IDMC). Depuis septembre 2019, dans la région d’Amhara par exemple, selon les Nations unies (OCHA), 15 000 personnes ont été déplacées du fait des violences. Plus de 1 000 personnes ont été déplacées dans la ville de Sebeta, dans la banlieue d’Addis-Abeba, du 23 au 24 octobre, à la suite d’affrontements ethniques et religieux selon une note du 3 novembre.

 

Photo d'illustration : UNHCR / Anna Hellge