Ce Forum a été organisé conjointement par le Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et la Suisse, avec le soutien de l’Allemagne, du Costa Rica, de l’Ethiopie, du Pakistan et de la Turquie. Cette conférence internationale est un élément clé du Pacte mondial sur les réfugiés qui prévoit quatre objectifs centraux : alléger la pression sur les pays d’accueil, renforcer l’autonomie des réfugiés ; élargir l’accès à des solutions durables dans des pays tiers ; favoriser les conditions d’un retour sûr et digne dans les pays d’origine. Le Forum mondial sur les réfugiés visait à renforcer les dispositifs de réponse pour soutenir les demandeurs d’asile et les réfugiés mais aussi les communautés d’accueil qui sont en grande majorité dans des pays en développement. Plusieurs enjeux majeurs ont été abordé à travers des dialogues de haut niveau, des sessions de travail, et des présentations de bonnes pratiques : partage des charges et des responsabilités, éducation, emplois et moyens d’existence, énergie et infrastructures, solutions et capacités de protection.

Lors de son discours d’ouverture, le Haut-commissaire du HCR, Filippo Grandi, a rappelé que la dernière décennie a été marquée par les déplacements durant laquelle le nombre de réfugiés a explosé. Selon le dernier rapport du HCR, 70,8 millions personnes étaient en situation de déplacement forcé en 2018 dont 25,9 millions de réfugiés et 3,5 millions de demandeurs d’asile. Le Secrétaire général des Nations Unies a également insisté sur la réaffirmation des droits humains des réfugiés « à l’heure où le droit d’asile est attaqué, où tant de portes sont fermées aux réfugiés et où tant d’enfants réfugiés sont détenus et séparés de leur famille ». Pour répondre à ces besoins croissants de protection, les participants ont annoncé 774 engagements parmi lesquels des aides financières, du soutien technique et matériel, des réformes législatives et politiques, le développement et le renforcement de programmes de réinstallation et de voies complémentaires. Le Groupe de la Banque mondiale a par exemple annoncé 2,2 milliards de dollars de fonds de développement en faveur des réfugiés et des communautés hôtes, ainsi que pour stimuler le secteur privé et la création d’emplois. Les entreprises présentes se sont également engagées à investir 250 millions de dollars pour soutenir les réfugiés dans le monde. Au moins 15 000 emplois devraient être ouverts aux réfugiés et environ 125 000 heures par an d’aide juridique financées. La majorité des engagements ont été pris dans les domaines de la protection et de l’éducation, impliquant respectivement des modifications du cadre juridique et politique national pour promouvoir l’inclusion, et permettre à davantage d’enfants réfugiés d’aller à l’école et d’améliorer leur autonomisation sur le long terme. L’Union européenne a annoncé un nouveau programme de 30 000 places de réinstallation en 2020 avec un soutien financier pour les États membres concernés.

La France s’est quant à elle engagée à poursuivre son programme de réinstallation avec 10 000 places au cours des deux prochaines années, et a rappelé la possibilité de délivrer des visas en vue de demander l’asile en France. À ce titre, la France aurait permis l’accueil de près de 15 000 réfugiés depuis 2012, principalement syriens et irakiens. Elle a également mentionné le rôle de la société civile au titre du protocole « couloirs humanitaires » signé en mars 2017 incluant 500 places. De plus, la France a coparrainé le groupe sur les capacités de protection afin de renforcer les systèmes d’asile et d’éligibilité au statut de réfugié, et s’est engagée à intensifier ses efforts pour permettre l’intégration et l’accès des réfugiés à l’autonomie. Au niveau européen, la France a appelé à refonder Schengen et le règlement Dublin. Elle a rappelé les progrès accomplis avec l’Allemagne, l’Italie et Malte à travers la déclaration de Malte pour les personnes secourues en mer. Enfin, la France a également co-organisé avec la Norvège un débat sur l’importance du verdissement des réponses humanitaires dans les contextes de déplacements forcés de population, et poursuivra ces efforts à travers la Présidence française de la Plateforme pour les déplacés par des catastrophes climatiques (PDD).

Le Forum a aussi été marqué par une participation renforcée des réfugiés aux débats et aux réunions. Environ 80 hommes et femmes originaires de différents continents ont partagé leurs expériences et ont appelé à renforcer les réponses dans l’éducation, la participation et la représentation des réfugiés dans les politiques d’asile. Le Haut-commissaire s’est également inquiété de la faiblesse du soutien de l’opinion publique en faveur de l’asile ces dernières années, rappelant que « dans de nombreux cas, les communautés qui accueillent des réfugiés se sont senties dépassées ou oubliées ». Il a cependant rappelé que « les situations de réfugiés ne sont des ‘crises’ que lorsque nous les laissons le devenir, en pensant à court terme, en ne planifiant pas de façon appropriée ou en ne travaillant pas ensemble dans tous les secteurs, et en négligeant les communautés qui les accueillent. »

Des indicateurs permettront d’évaluer la mise en œuvre des engagements, et une réunion de suivi se tiendra dans deux ans. Le Forum mondial sera organisé tous les quatre ans, la prochaine édition devant ainsi se tenir fin 2023.