Les Soudanais ont réussi à faire chuter El-Béchir et son régime responsable de nombreuses violations de droits humains, et ont obtenu la mise en place d’un gouvernement civil. En septembre 2019, avec la « Déclaration de Juba » le gouvernement de transition et des groupes rebelles ont entamé des négociations de paix.

Parmi les avancées positives, le nouveau gouvernement a annoncé l’établissement d’un État de droit. Il s’est engagé à démanteler le système de l’ancien régime, répondre aux aspirations populaires de transparence et de réparation des crimes de l’ancien régime et à refonder la Justice pour ouvrir des enquêtes et des poursuites pour ces crimes.

Amnesty International note également une avancée en matière de droits pour les femmes avec l’abrogation de lois relatives à l’ordre public qui réglementaient la présence des femmes dans l’espace public (interdiction de manifestations et d’associations) et en raison desquelles des femmes avaient été arrêtées, emprisonnées, battues. Pour autant, les femmes restent soumises à des lois sur leurs tenues vestimentaires, leurs relations et d’autres comportements privés.

Malgré ces changements politiques annoncés, le Soudan reste en proie à des violences armées, de la part des forces de l’ordre et de la part de groupes armés non-étatiques.  Ainsi, le 3 juin 2019, un raid mené pour disperser un sit-in de manifestants réclamant la mise en place d’un gouvernement civil pour remplacer le Conseil militaire de transition a fait plus de 100 morts et des centaines de blessés. Une enquête officielle pointe la responsabilité des paramilitaires de l'armée soudanaise dans la répression brutale de ce sit-in.

De plus, l'opposition armée se poursuit dans les poches du Darfour, ainsi que dans le Sud Kordofan et le Nil Bleu. Des milices lourdement armées terrorisent toujours les civils, elles refusent de laisser les terres qu'elles ont saisies et cela rend les projets de réconciliation plus difficiles.

Des affrontements intercommunautaires se poursuivent également au Darfour, comme cela est documenté par l’Asylum Research Centre dans son rapport pays d’origine paru le 21 janvier 2020. Les derniers combats en date, fin décembre 2019, à El Geneina, dans l'ouest du Darfour, entre Massalit et tribus arabes, ont provoqué la mort de 65 personnes. Après des années de relative accalmie, cette résurgence de conflits tribaux menace la transition politique entamée.

Selon un rapport de janvier 2020 du HCR, ces affrontements intercommunautaires ont déplacé des dizaines de milliers de personne. Ainsi, la situation des personnes déplacées en raison de décennies de conflit n'est toujours pas réglée. Selon le rapport 2020 de l’OCHA, quelque 1,87 million de déplacés et 1,1 million de réfugiés et de demandeurs d'asile continuent d'avoir besoin d'une aide humanitaire et d'une protection, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur des camps et au sein des communautés d'accueil.

 

Photo d'illustration © UNHCR/Modesta Ndubi